L’oeuvre de Carole de Durfort
« L’Art du Feu : une esthétique de la Forme-Matière-Couleur. »
Carole de Durfort est une artiste française émergente, à la frontière de l’art contemporain, du design et des Arts Décoratifs. Musicienne dans l’âme et inspirée dans son entourage par la céramique japonaise et Art Nouveau, elle trouve son langage dans le travail de la matière et devient céramiste, spécialisée dans le grès émaillé par superposition. Cette technique de cuisson haute température (1260°) lui permet d’obtenir des effets de matière proches de la nature, qui ne font qu’un avec la forme et la couleur, expérience proche de celle des volcans en fusion.
Elle se forme auprès des plus grands maîtres dans les différentes disciplines : tournage, modelage, émaillage… et reste marquée notamment par sa rencontre avec Fance Franck, célèbre céramiste américaine ayant fondé avec Francine Del Pierre l’atelier de la rue Bonaparte où se retrouvent artistes, collectionneurs, directeurs de musées, grands maîtres potiers. Elle y découvre une nouvelle façon d’écouter, de voir et de sentir la terre, la forme, la ligne, ainsi qu’une plus grande liberté d’expression.
Après de longues recherches d’émaux orientées vers la qualité de la texture et la subtilité de ses tonalités, Carole de Durfort fait chanter les oxydes dans une sorte de polyphonie, laissant au feu la meilleure part : celle de la surprise.
Ses premières œuvres, « Poteries » sont purement utilitaires : vases, coupes, bouteilles, boîtes. Elle évolue ensuite vers des objets symboliques, « Natures mortes » : Rivières de Galets, Figurines (figues)… pour aboutir depuis quelques années vers des sculptures fonctionnelles : Totems (pour intérieurs et jardins) et Totems-Lumière (Lampes, lampadaires, photophores, bougeoirs). La lumière naturelle ou électrique permettant de mettre en valeur les émaux, les lampes ayant également pour fonction d’éclairer l’espace d’habitation.
C’est finalement dans la plus grande sobriété de la forme (axe vertical), qu’elle peut déployer toute son imagination pour créer des jeux de rythmes harmoniques, accords de matière-couleur. Chaque œuvre est composée de cylindres en terre, tournés, émaillés, cuits, puis empilés selon l’ordre induit par son équilibre sensoriel. Pour qualifier ses créations intemporelles, on pourrait parler « d’élégance authentique ». Toujours en résonance avec le lieu et sa respiration, les installations de colonnes de tailles diverses sont présentées ensemble. Elles peuvent constituer un duo, un trio, comme une forêt ; chacune d’entre-elles étant une œuvre unique. La force charnelle et l’émotion qui se dégagent de ses Totems invitent le spectateur à l’éclairer, à voyager dans le temps et l’espace, et à jouir de l’harmonie qui l’aide à se relier à lui-même, à l’autre, à la terre, au cosmos.
« Symbole mythique et identificateur des civilisations dîtes « primitives » notamment amérindiennes, le Totem ne cesse de m’interroger sur cette humanité en quête de sens ; ce besoin qu’a l’homme, de faire mémoire d’une histoire individuelle ou collective. Leur culture et leur goût pour la transmission m’ont touchée. Mon travail avec la terre et les émaux me permet de me réconcilier avec les sensations que m’évoquent ces peuplades. Je joue avec les couleurs et les rythmes comme des accords de musique, des couches géologiques, des paysages ou des séquences des âges de la vie. »